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Bokeh  : 

Terme japonais qui signifie "flou".

Il est à mes yeux, l'un des éléments les plus importants de la photographie de Nature et de la Macro. Tellement, qu'un instant, les vidéastes ont utilisé les boitiers et objectifs photo pour gérer leurs flous dans leurs films notamment en portrait. Les constructeurs ont rapidement compris son rôle et sortis du matériel dédié à la vidéo mais en exploitant les qualités de bokeh des objectifs photo.

 

Alors, Bokeh,  Quesaco ?

Lorsque le photographe pointe le collimateur de son appareil sur un sujet, il recherche en général le maximum de netteté sur le "point". La netteté est  subjective et dépend notamment de la capacité de chaque oeil à faire le point (ce qui signifie, qu'elle est  propre à chaque être humain...). Pour une ouverture donnée et une mise au point effectuée, la sensation de netteté s'étendra de 1/3 avant le point et de 2/3 après le point. Mais en fait, ce n'est qu'apparence. Si on agrandissait très fortement, on s'apercevrait que l'élément de la photo le plus proche est flou et que plus on se rapproche du point, plus les éléments sont progressivement nets puis progressivement flous en s'éloignant du point. Mais notre oeil  accepte une plage qui lui semble nette. En photo, on l'appelle : la profondeur de champ.

Mais voilà, la photographie se distincte par la possibilité de jouer sur beaucoup de paramètres et donner des effets différents. En Paysage, le photographe ira chercher "l'hyperfocale", c'est à dire le point qui permettra (toujours avec 1/3 devant et 2/3 derrière) d'obtenir une photo nette du premier au dernier plan !

Le but de toute photo ne serait-il pas d'être net de partout ?

Le bokeh est donc le flou d'arrière plan (après les 2/3)! Mais à quoi sert-il,  puisqu'il est si important ? 

Eh bien, il sert à ......faire ressortir le sujet "net" dans un flou et cacher un arrière plan sans intérêts ou inesthétique ! Il sert notamment à souligner l'effet de netteté, le piqué  !

 

Pas difficile à comprendre, on l'utilise pour l'inverse de ce qu'il représente ! 

Si je ne vous ait pas perdus, on va pouvoir rentrer dans d'autres considérations beaucoup plus....techniques !

Le Bokeh sera plus ou moins harmonieux en fonction de plusieurs paramètres : 

  • la longueur de l'objectif : plus la construction d'un objectif est long et plus le flou sera harmonieux. Les photos animalières prisent avec de grands téléobjectifs permettent de noyer une "Panthère" des éléments soit gênant soit sans intérêts derrière elle.

  • Plus l'arrière plan est éloigné du plan net, plus le bokeh sera facile a généré.

  • Certains objectifs comme les macro possèdent des formules optiques particulièrement étudiée pour réaliser des bokeh harmonieux.

  • la distance du sujet mis au point: plus le sujet est près, plus le 1/3 devant, 2/3 derrière seront courts. En macrophotographie, cette notion est particulièrement importante et oblige à faire des choix !

  • l'ouverture : Aïe, aïe aïe,  je ne voulais pas vous entrainer sur ce terrain :-).    Le principe de la photo est qu'au travers de l'objectif, on laisse passer la lumière pour imprégner le capteur. Sauf qu'on ne laisse pas passer la lumière en permanence. C'est le diaphragme (lamelles métalliques) qui a cette fonction et va s'ouvrir puis se refermer ! Mais le photographe peut choisir d'ouvrir plus ou moins grand son diaphragme. Chaque cran permet d'obtenir 2 fois plus ou 2 fois moins de lumière que le cran précédent (F/5,6 laissera passer 2 fois plus de lumière que F/8 et 2 fois moins que F/4).

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Sans rentrer dans des détails trop techniques,  l'ouverture joue directement sur la profondeur de champ (zone nette). Plus l'ouverture est grande (valeur plus petite : 1,4 ci-dessus) et plus la profondeur de champ sera petite mais plus le bokeh sera important et harmonieux. Donc, le bokeh obtenu sera très différent entre une ouverture à 16 et une autre à 1,4 pour la même photo et sans rentrer dans d'autres considérations.

Un autre élément va jouer sur la qualité du bokeh (harmonieux ou pas). Il s'agit de la construction même du diaphragme. Plus le puit de lumière est rond, plus harmonieux sera le bokeh ! Sur l'exemple ci-dessus, on remarque nettement  que les ouvertures ne sont pas "des cercles parfaits" ne serait-ce à cause du système de lamelles. Mais ce système a l'avantage d'offrir des "presque ronds" à plusieurs  tailles ! L'exemple ci-dessus comporte 7 lamelles. Les meilleurs objectifs comporteront 8 ou 9 lamelles pour avoir le rond le plus parfait possible et offrir alors le meilleur bokeh mais seront beaucoup plus onéreux car plus difficile à réaliser mécaniquement !

Conclusion : un photographe est parfaitement capable de faire d'excellentes photos avec du matériel "moyenne gamme" voire "entrée de gamme" sans rentrer dans les coûteuses Optiques Lumineuses mais ne serait-ce que pour le "Bokeh", il sera obligé d'investir pour obtenir ces beaux fonds flous ! Bref, dépenser un max pour un meilleur  flou, si ce n'est pas un comble ;-)

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Sans le bokeh, la sensation de netteté serait moins importante et les minuscules flocons du jour seraient perdus dans l'arrière plan boisé mais enneigé.

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J'adore utiliser le Bokeh comme au cinéma (sans prétentions). 

A gauche, le sujet principal est perdu dans le bokeh et suscite l'intérêt, le questionnement  du lecteur !

 

Il y a un truc marron mais quoi (bokeh harmonieux qui ne fait que suggérer) !

A droite, la réponse, j'ai un peu changer le cadrage !

Cela permet en 2 ou 3 photos, de raconter une histoire ... Même on peut jouer sur la suggestion (ci-dessous) 

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« Je suis sensible à l’âme d’un animal. La présence, même invisible, d’une panthère imprègne le paysage. Elle me voit, pas moi. Sa robe la camoufle si bien qu’elle s’évapore comme un fluide. Diabolique ! »

Tibet, Minéral Animal   Vincent Munier

Et puis, le bokeh cache parfois de magnifiques surprises !

Lors d'un de ses voyages, Vincent Munier perd de vue la Panthère des Neiges pour laquelle il s'est rendu dans l'Himalaya.

Toute une journée, il va la chercher en vain, cette professionnelle du camouflage s'est  volatilisée !

En désespoir de cause, il se rabat sur un superbe faucon-crécerelle qui vient se reposer de temps à autre dans la falaise mais de panthère, pas le moindre bout de queue et pourtant elle est là, pas loin, il le sait !

 

Quelques portraits du faucon plus tard et Vincent revient en France. Pendant des semaines, il travaille sur ses photos et finit par revenir sur le faucon ! Et quelle incroyable surprise !

 

Sa Panthère est là sur son cliché apparue comme par magie !

A la limite de la ligne de crête, 2 gros yeux ronds  l'observent ne perdant pas une miette de tous ses faits et gestes derrière son énorme téléobjectif ! Le chasseur à l'affut chassé par ce que la nature a fait de mieux dans l'art de l'approche sans la moindre trace, sans le moindre bruit ! A la prise de vue, Il ne l'a pas aperçu dans son viseur, la concentration sur le sujet (faucon),  le mimétisme de l'animal, combiné au bokeh et voilà une surprise à découvrir en post-production ! Je n'ose imaginer la surprise, l'émotion, l'émerveillement du photographe contenu dans cette photo !

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